La semaine dernière, @nicolasvoisin indiquait sur Twitter la création prochaine d’un état lab en France. Je n’avais pas réussi à trouver la source de l’information mais c’est chose faite grâce à @epsiplatform, il s’agit de la page 38 du rapport Riester remis la semaine dernière à Eric Woerth et Nathalie Kosciusko-Morizet.
Etat lab
La proposition n°22 du rapport Riester suggère la création d’une plateforme d’innovation de services ci-nommée « Etat Lab » qui permettrait aux acteurs tiers de développer des services innovants à partir de données publiques*.
Cette plateforme prendrait appui sur le futur portail national de l’APIE (Agence du Patrimoine Immatériel de l’Etat) de mise à disposition des données publiques et serait initialisée fin 2010. Elle permettrait d’intégrer les bases de données et API, ce qui rappelle trait pour trait le principe du datagov aux Etats-Unis (notamment).
Ce que le rapport ne dit pas :
- Quelles données libère-t-on ?
- Sous quel format ?
- Quels seront les types de licences pour l’usage de ces données ?
- Les formats seront-ils user-friendly (usage citoyen) et/ou mashup friendly (developpeurs only) ?
- Comment interagiront les plateformes de différents niveaux (locales, régionales, nationales) ?
- Qui finance ces plateformes ?
- A partir de quelle phase privatise-t-on le service ?
S’il convient de garder ces questions en tête, elles ne devraient pourtant pas servir d’alibi à l’inaction. Pour Hugues Aubin, chargé de mission TIC à Rennes, plutôt que s’attarder sur la normalisation des données (pointée du doigt à la FING lors de la conférence du 11 février sur l’ouverture des données), partons des bases existantes pour avancer.
Et justement de l’avancement il y en a avec la plateforme Data Publica dont la fonction correspond tout à fait à la définition de l’Etat lab.
Data Publica va mettre en place et opérer une place de marché sur laquelle ceux qui possèdent des données viendront publier leurs méta-données ou leurs API ainsi que la ou les licences sous lesquelles elles peuvent être utilisées, et ceux qui développent des applications viendront prendre ces méta-données pour développer des applications au modèles économiques compatible avec la licence d’utilisation. Data Publica fournira aux éditeurs de données une palette de licences parmi lesquelles ils pourront choisir et des outils pour publier leurs données et méta données. Data Publica fournira aux dévelopeurs un annuaire des API et meta données et l’accès aux données. Cette place de marché contribuera au développement des applications valorisant les données publiques ou privées. Le projet est financé partiellement dans le cadre de l’appel à projet « Web 2.0 innovant ». Il est développé par un consortium de trois entreprises : Araok, Nexedi et Talend.
Au fur et à mesure des avancées dans la révolution de l’ouverture des données publiques, les acteurs tendent à se positionner derrière deux camps. Data Publica rejoindrait les Montagnards misant sur la centralisation. Leur plateforme semble prendre la voie d’un service exclusif aux développeurs, avec catalogue de données brutes, approche assez administrative, données en partie payantes et peu ou pas d’outils intégrés pour la visualisation ce qui rend ces données innaccessibles au citoyen lambda.
Les plateformes locales (Keolis et la ville de Rennes à suivre) sont en train de se constituer de manière plus rapide- relativement parlant- et polymorphe. Elles pourraient prendre une approche plus ludique et aussi accessible au public en proposant des outils de visualisation, de personnalisation et de comparaison. Ce seraient les Girondins de l’ouverture des données, proposant un service décentralisé
Ces approches vont-elles s’entrechoquer ou au contraire devenir complémentaires ?
Dans un article comparant la plateforme américaine Datagov et la plateforme anglaise datagov.uk, Flowing Data indique sa préférence pour la version anglaise, plus accessible, elle est plus démocratique. Un catalogue centrale des données est pourtant indispensable aussi pourquoi ne pas préparer dès aujourd’hui la conciliation des deux versions ?
Data Publica pourrait être le centre de référencement national pour trouver une donnée et l’en extraire pour les développeurs. Les plateformes locales permettraient l’accessibilité aux données par les développeurs mais aussi les citoyens, ce qui serait d’autant plus judicieux qu’il s’agira de données locales fortement plebiscitée: transport, tourisme, etc. Pour s’y retrouver et obtenir un service homogène, il faudrait d’ores et déjà mettre en place des règles, notamment un intitulé-type pour les sites de bases de données: ville.donnee.fr par exemple.
Et si on changeait l’équation Girondins vs Montagnards pour: Girondins + Montagnards ?
* « Orange » a fait parti du groupe de travail pour le projet Riester qui préconise l’ouverture des données publiques, données qui sont à la base de bons nombres d’applications smartphones.
[…] > Article initialement publié sur Libertic […]
[cross-posté sur owni.fr]
A mon avis suivre Data-publica serait une grosse erreur. Quelle va être la licence de la base de données utilisée par cette plate-forme ?
Parce que quitte à avoir une plate-forme non-libre, je crois que je prefère avoir quelque chose gerée par un acteur plus “neutre” que par des entités commerciales.
J’espère me tromper et que l’ensemble des méta-informations sur les données aggrégées par data-publica seront exportables *et* réutilisables.
Pour information la plate-forme utilisée par data.gov.uk est ckan (ckan.net), il s’agit d’une plate-forme libre et l’accent est mis sur l’interconnexion et l’échange de données avec les autres plateforme (notamment le national datacatalog de sunlightfoundation). Une traduction française de l’interface est en cours.
Les informations à ce sujet étant encore floues, merci de rectifier si besoin mais: ce n’est pas la plateforme qui determine la licence, ce sont les ayant-droits sur les données.
Votre reflexion sur un acteur neutre est intéressante et pose question:
1. Une collectivité serait-elle considérée comme « neutre » ?
2. Sinon cela signifie faire appel à une structure pour gérer ce service. Pensez-vous à une association précisément ?
3. Sinon, quel groupement pourrait se charger d’une telle tâche ?
4. L’exemple anglais montre qu’une plateforme libre et « non-libre » peuvent cohabiter. Est-ce à souhaiter ?
Nous suivons bien sûr le développement de CKAN et la référence à Data Publica dans 2 de nos articles s’explique simplement par le fait qu’il s’agisse d’une plateforme sur laquelle nous nous posons beaucoup de questions 🙂
Pourquoi ne pas présenter ntore échange sur un nouveau post avec la réponse à ces quelques questions et une introduction à CKAN ?